23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 19:11

 

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Il faisait froid. Oh, pas un de ces froids hivernaux à vous fendre le roc, non. Il s'agissait plutôt d'un dégel tardif de début de printemps, un de ceux qui annonce encore quelques beaux jours à l'épais voile de nacre tombé la semaine précédente. Mais dans ce foutu pays, de la neige, Sergeï en avait déjà trop vu. Il piétinait rageusement à chaque fois qu'il dérapait, se fatiguant inutilement dans ce ridicule geste vengeur, et pestait d'autant plus que son cheval s'était brisé une patte de la même manière une heure plus tôt. Il avait dû l'abandonner sur place pour retourner au camp de base à pied. Cette mission de reconnaissance du terrain tournait à la punition et il estimait ne l'avoir pas mérité, ce qui, jusque là, était à peu près vrai, pour cette fois-ci en tous cas. Et là où la punition menaçait de virer au drâme, c'est qu'en un tel paysage montagnard la nuit tombait vite : le soleil rapidement occulté par la haute dentition minérale blanche ne laissait déjà plus paraître qu'un vif halo rougeâtre sur l'horizon dont la couleur évoquant le sang semblait motiver les loups de la forêt attenante à coordonner le début de leur chasse par de longs et lugubres hurlements. Sergeï pressa le pas et manqua de dérapper une fois de plus. Cette fois-ci il ne s'arrêta pas pour écraser les doux flocons de givre sous sa botte, les hurlements lui avaient rappelé son devoir primordial, celui-là même qu'il s'était juré tout petit alors qu'il se prenait déjà pour un grand héros : survivre. Et s'il voulait s'y tenir, il devait se dépêcher car ses quelques quinze balles ne lui suffiraient clairement pas à faire face au danger sur ses talons si la meute s'avérait trop nombreuse. Ce qu'elle devait être, mais il n'en était pas certain, n'arrivant pas à discerner les différents hurlements des loups sur le point de le cerner. Pour l'heure, il devait courir.

Il ripa une fois encore et s'étala de tout son long.

 

Non, ça ne va pas. Désolé ami lecteur (encore que cette formule fasse un peu sans gêne, je préfèrerais dire “aimable lecteur inconnu”, ce qui serait déjà plus honnête), désolé aimable lecteur inconnu (ou connu, sait-on jamais), mais je vais devoir ici me reprendre (une fois de plus) de mes erreurs, je m'en repends, car je m'aperçois à présent que la difficulté dans laquelle je place mon héros est un brin exagérée, quoique plausible. Mais je m'en voudrais de devoir tuer Sergeï pour ma négligence.

Trop aimable.”

Je t'en prie, d'autant plus que tu ne fais pas de grands efforts pour t'en sortir.

Grumph...”

Ah! De fait, je vais devoir rajouter un délai suffisant pour que son action, ton action donc, Sergeï, passe du statut de tout-à-fait irréalisable et donc, si réussie, peu crédible à celui de presque impossible, voire héroïque. Certes, cela enlève un peu de panache mais rajoute en revanche du crédit ainsi que de l'espérance de vie, et puis ça tient en haleine le lecteur (pas de remarque, merci) qui est pour le coup vraiment bien aimable (j'insiste) de patienter pendant nos petits réglages même s'il n'en a pas vraiment le choix (ahem...). Ce ne sera pas long. Hum, bon, où en étions nous? Je reprends.

 

Sergeï risqua un oeil par dessus son épaule pour constater que le soleil commençait tout juste à flirter avec le sommet des canines glacées. Plus qu'une heure avant la nuit! Deux tout au plus. Cela allait faire très court pour rentrer à temps avant que la meute de loups qui le pistait depuis maintenant au moins quatre lieues sans oser se lancer à découvert ne finisse par trouver son courage à la faveur de l'obscurité.

Super.” marmona-t-il sans entrain.

Et il pressa le pas, sa main serrant un peu plus fort la sangle du fusil dans son dos. Il se battait d'ordinaire fort honnorablement mais affronter la nature relevait d'un tout autre défi que de se battre contre ses semblables. La nature avait ses propres règles, ses propres lois qui pouvaient bien souvent se résumer à la seule : Manger ou être mangé. Un programme que Sergeï aurait bien aimé pouvoir s'éviter de voir jouer avec lui-même dans le rôle de la proie.

Pff... Les narrateurs et leurs lubies héroïques...”

 

Hey!

Quoi?”

Je parle, enfin, j'écris, là! Je conte. Suis l'histoire au lieu de râler! Si tu continues je vais devoir tout reprendre.

Et après? Qu'est-ce que ça changera pour moi? J'aurai moins froid? Moins à marcher?”

Bien sûr que non, il n'y aurait plus aucun intérêt autrement. Il faut un défi.

Peuh... Tout pour le lecteur, hein? Et moi tu y penses un peu?”

Allez, arrête de bougonner comme ça, tu es un héros, tu finiras bien.

Je n'ai jamais rien demandé de tel.”

Bon, ben tu finiras mal si tu le préfères.

Aha, quel humour...”

Ca suffit comme ça! Maintenant tu te tais et tu joues ton rôle ou bien...

Ou quoi? Tu vas me punir? Tu peux faire pire que ça? Pff, pathétique...”

Co-comment oses-tu me parler de la sorte? Devant les lecteurs en plus! Veuilez nous excuser je vous prie pour cette interruption inopportune mais mon personnage éprouve quelques difficultés à...

J'en ai rien à foutre de tes lecteurs minables pour lire des niaiseries pareilles! Toi, comment oses-tu me traiter de la sorte? Où est passée la soi-disant bienveillance dont tu te targues si souvent? Hein?”

Tu vas regretter ça, Sergeï

Ah, c'est déjà fait.”

 

Sergeï trébucha sur un petit rocher saillant dans le duvet blanc et s'y meurtit très légèrement le pied.

Narrateur de merde!”

Son juron, qui lui avait échappé, trouva une bien triste rétribution. L'écho de sa voix se répercuta encore et encore sur les blanches parois jusqu'à ce que l'une d'entre elles ne cède en une terrible avalanche.

Salaud!”

Sergeï, toujours à découvert entre deux espaces boisés trop éloignés, n'eut le temps de trouver pour tout abri qu'un malheureux rocher face à la furie de l'océan nacré déferlant sur la pente. Après quelques secondes de chaos, d'anarchie et de puissance, plus rien ne bougeait au milieu du paysage dévasté recouvert de poudreuse. Même les loups s'étaient tus, semblant respecter le récent désastre. Quelques instants passèrent sans que rien ne bouge, le temps semblait figé dans la glace.

Puis la nature reprit ses droits. La faim sortit les loups du bois. Prudemment, ils s'avancèrent sur la piste, le museau au ras du sol dans la recherche de leur proie ensevelie.

 

Hum, euh, quoique là j'y suis peut-être allé un peu fort... Veuillez m'excuser aimables lecteurs (pluriels et singulier, connu ou non, et caetera), mais je me sens pris de remords. C'est idiot, je le sais bien, pourtant je ne peux m'empêcher de me trouver quelque peu trop cruel et trop partial à présent. Sans même avoir à emphaser le drame de la mort imminente de mon héros par des procédés stylistiques à peine honnêtes tant ils sont ronflant et pompeux, patinés par l'usure qui en fut faite, je me sens un courant d'empathie pour ce pauvre Sergeï, m'interdisant de lui ôter la vie comme un enfant sadique écraserait une fourmi simplement parce qu'il en a le pouvoir et la malsaine envie. Non, je me prétends bienveillant, c'est exact, seulement parce que je m'estime l'être réellement et, en ce nom, celui de ma mauvaise conscience ou de ma moralité, au choix, je me dois maintenant de m'impliquer personnellement et d'aller voir comment se porte Sergeï. J'y vais. A tout de suite.

 

...

...

...

 

Ouf! Pardonnez mon silence, lecteurs de tous types, mais ce fut toute une aventure pour en revenir. Comprenez, y aller est simple il me suffit de le dire, ou, plus précisement, de l'écrire, ce que je fis. Et bien il me fallait procéder de l'exacte même manière pour en revenir mais croyez-vous que mon ordinateur, le support sur lequel j'écris actuellement, m'aurait suivi? Non, bien sûr que non, et ce fut là tout le drâme que je découvris au moment de mon retour une fois sur place... Mais je ferai mieux de tout raconter dans le bon ordre, ce sera sans doute plus clair. Je disais donc que j'y allais...

 

Et j'y étais. Me retrouvant tel que je suis à marcher dans l'épaisse poudreuse en pantoufles, me gelant les pieds à risquer d'y perdre mes orteils et me trempant le bas du pyjama et de ma robe de chambre en tremblant de froid du fait de mes vêtements bien trop sommaires pour le climat d'alors, je me maudissais tout un temps pour mon navrant manque d'anticipation. C'est ainsi que, pestant à la manière du disparu, je me rendis vers la scène du presque-crime (encore eut-il fallu faire admettre à un tribunal que tuer un personnage de fiction était un crime) comme pour un pèlerinage à son hommage. Les loups commençaient déjà à creuser de quelques coups de patte hésitants l'endroit où ils devinaient Sergeï enseveli. Je m'approchais sans crainte de la meute et les chassais d'un simple geste de la main. Les loups, plus surpris qu'effrayés, s'éloignèrent et s'arrêtèrent à une petite distance de là, me regardant creuser à leur place, incrédules. Fort heureusement pour moi, Sergeï n'était pas enneigé bien profond et j'eus la chance ne pas perdre mes doigts à excaver son corps qui, plus heureusement encore (mais que serait un héros sans la chance?) n'était pas, à mon grand soulagement, mort, bien que sacrément refroidi, et pour cause. Je le savais cacher, pour l'avoir écrit, une fiole d'alcool fort qu'il avait monnayé en ville il y avait tout juste deux jour dans le revers intérieur de sa veste. Je le fouillais fiévreusement pour la trouver et ressortis bientôt le petit objet métallique. Je n'avais encore jamais essayé de ranimer quelqu'un de la sorte mais après tout, il n'y avait aucune raison pour que cela ne fonctionne pas dans mes histoires (non mais!). Après avoir débouché le flacon, l'odeur ennivrante seule de la boisson m'écoeura, moi qui n'aimais pas l'alcool, et je tirais satisfaction à penser que si l'odeur me remuait déjà les entrailles, le liquide devrait agir avec une vigueur d'autant plus forte sur celles de Sergeï. Ce fut le cas, il s'éveilla dans un râle presque immédiatement au contact de l'infect breuvage que je soupçonnais de connaître plus de vertus désinfectantes que gustatives.

 

Mais que... Qui... Toi?!

-Et oui, monsieur l'éternel insatisfait.” fanfaronnais-je.

Mais mais mais... Qu'est-ce que tu fais ici?” Il n'en croyait pas ses yeux.

Et bien je te sauve.

-Toi?

-Oui, moi. Qui d'autre?

-Ben... Tu aurais pu envoyer n'importe quel autre personnage, inventer quelque chose, reprendre la scène ou même me laisser crever, je ne sais pas...

-Bah, sur le coup, je n'y avais pas pensé... Et puis ça rajoute du facteur humain à mon personnage.” ajoutais-je tout sourire bien que toujours grelottant dans le froid ambiant.

Moi?

-Quoi toi?

-Le personnage, tu parles de moi?

-Non, de moi.

-Mais tu n'es pas un personnage, tu es le narrateur!

-Ah, oui, c'est vrai... Boarf, je peux bien cumuler les fonctions non? Nous ne sommes plus à ça près maintenant.”

 

Trop effaré pour poursuivre la conversation, Sergeï se releva. Il épousseta la plus grande partie de la neige qui le couvrait et regarda autour de lui.

Quel bordel...”

Son regard se posa sur les loups non loin qui nous observaient toujours fixement.

Euh... Et eux, ils attendent quoi?” me demanda-t-il.

Je n'en sais rien.” Ce qui était vrai. “Je n'ai pas pris de quoi écrire en venant ici, je ne décide plus vraiment de tout ce qui se passe.”

Je réalisais soudain avec une terreur froide le dramatique de ma situation : perdu en pleine montagne enneigée, en pyjama au chaussons, entouré d'une meute de loups. Ma position habituelle de narrateur tout puissant m'avait conduit sur des terrains dangereux où je m'étais précipité sans même me méfier. Dans la gueule du loup, presque littéralement.

Et maintenant on fait quoi?” questionna-t-il de nouveau lorsque les loups, poussés par une trame narrative qui l'échappait, s'avancèrent lentement vers nous en demi-cercle. Je le vis épauler son fusil. Un fusil à verrou manuel, autrement dit, il lui faudrait pas loin d'une minute pour tirer ses quinze balles, or il y avait une bonne douzaine de loups qui ne s'arrêteraient sûrement pas pour quelques blessés ou tués dans leurs rangs. Il fallait une idée, une astuce, un coup de pouce du destin. Autrefois, dans cette histoire, j'étais le destin, il devait bien en rester quelques traces. Je fis appel à ma mémoire.

 

Donne-moi ton stylographe à plume! Vite!

-Hein? Mais je ne l'ai plus!” me répondit-il sans cesser de viser.

Il n'osait pas encore tirer, de peur de déclencher l'assaut imminent des loups. J'étais terrorisé. Mon idée n'avait pas fonctionné, ma mémoire avait failli. J'allais devoir mourir ou me battre. Il me fallait une arme. Je n'en avais pas. Faute de mieux, je me saisis d'une de mes pantoufles, restant à cloche pied dans la neige. Les loups s'élancèrent. Sergeï en abattit un sur place et rechargea aussitôt. Les autres loups ne ralentirent pas, il en abattit un au vol alors que ce dernier lui sautait à la gorge, immédiatement il en acceuillit un autre d'un revers de crosse. Pour ma part, saisissant ma pantoufle à deux mains, je tentais un coup droit, comme au tennis que j'avais pratiqué étant enfant (bien qu'étant exécrablement mauvais). Le loup qui m'assaillait le reçut en plein museau et couina. L'assaut s'interrompit, tous les prédateurs semblèrent se figer. Dans un instant d'éternité presque irréel (presque...), je compris. Je tenais dans mes mains l'arme qui avait domestiqué les monstres, celle qui avait fait du loup sauvage et dangereux, un chien serviable et dévoué, je tenais dans mes mains, la sacro-sainte pantoufle, instrument de punition divine des canidés qu'avaient même appris à craindre leurs ancêtres loups. Fort de cet atout, je balayais la meute en distribuant des coups à tout va, une véritable tornade de terreur, et finissait bientôt le combat en lançant mon arme sur le dernier trainard qui détala alors un peu plus vite encore. Puis j'allais rechercher mon chausson à cloche-pied parce que quand même, fallait pas exagérer, il était hors de question que je marche avec un pied nu dans la neige.

 

Sergeï me jaugea avec circonspection et respect avant de me faire signe de le suivre. Il avait raison, mieux valait ne pas s'attarder trop longtemps, la nuit tombera, quoiqu'il advienne, avec ou sans loup, et sa morsure glacée ne fuiera pas face aux pantoufles. En marchant, je ne pus m'empêcher de lui demander la question qui me taraudait :

 

Mais tu as bien le stylographe à plume que t'avait offert Anna Kristinovna pour que tu lui écrive des lettres après que tu lui as annoncé ton départ prochain?

-Mais non! Tu me l'as fait perdre aux cartes au chapitre six! Nicolaï me l'a gagné alors que j'étais pourtant bien en veine ce soir là.

-Ah, oui... C'est vrai. J'avais oublié. Je voulais te mettre dans la situation du héros pris de remords après s'être adonné au jeu : tu trahissais la confiance d'Anna et la culpabilité qui en découlait donnait un aspect moralisateur à l'histoire. Tu saisis?

-Mais j'avais un brelan d'as!

-Je sais, c'est moi qui l'avais décidé.”

Son regard se fit dur et il lâcha, navré : “T'es vraiment un narrateur à la con, toi.

-Oh, ça va, hein! T'as qu'à faire mieux puisqu'on y est.”

 

Il resta silencieux un moment, continuant de marcher puis lâcha :

Et pourquoi pas?

-Hu? Qu'est-ce que tu veux dire?

-Bah, pourquoi pas faire mieux que toi. Comment devient-on narrateur?

-Ah, ça, euh... On écrit. Ou on raconte, éventuellement.

-C'est tout?

-Ma foi, je crois bien que oui, ce doit être la seule condition.

-Donc là, si j'écrivais ou si je racontais qu'il t'arrive un truc, ça t'arriverais vraiment?

-Ben non, quand même, c'est mon histoire là, j'en suis le narrateur.”

Il se renfrogna. “C'est trop injuste.

-Hein? Pourquoi donc?

-Je ne serai jamais que ta chose, je n'existe que par toi, je ne peux même pas devenir moi-même narrateur.

-Si, bien sûr que si, il suffit que j'écrive que tu écris par exemple.

-Ah, je n'aurai donc jamais aucun talent.

-Je t'ai déjà dit d'arrêter avec ça.

-Et je n'en ai pas envie, la chose se rebelle, tu vois? Elle veut exister par elle même. Elle fait ce qu'elle veut.

-D'abord tu fais ce que tu veux parce que je t'ai créé ainsi, ensuite si je veux que tu ais du talent je n'ai qu'à le décrire par périphrases plutôt que de me risquer à l'imiter sans succès et enfin je suis désolé que tu le vives si mal. Tu n'as qu'à te dire que je suis moi aussi un personnage de fiction dont le narrateur se montre simplement plus discret.

-Mouais.” bougonna-t-il en ruminant. “Simplement, le fait de le savoir, bah... Ca change tout. C'est comme Dieu. S'il apparaissait, comme ça, devant tout le monde ou nous envoyait des signes tous les quinze jours, on saurait qu'il existe. Et on perdrait notre liberté. Celle de croire ou de de pas croire. Là, je trouve que c'est pareil avec les narrateurs. On devrait pas savoir.”

Je méditais sur ses paroles en silence un bon moment durant avant de déclarer, tout sourire :

Bon, je vois ce que je peux faire. Un petit plongeon dans le Lèthé et on en parle plus.”

Sergeï me regarda sans comprendre. Je le rassurais.

Ne t'inquiète pas, c'est une astuce de très vieux narrateurs.”

 

A présent, au vu du soleil presque couché, il était certain que Sergeï et moi ne rentrerions pas à bon port à temps. Nous venions de rencontrer un panneau de bois indiquant la prochaine ville à dix lieues encore. Même si la nouvelle s'avérait désespérante, nous continuâmes à marcher sans un mot. Alors que mes pensées allaient à ce maudit panneau ruinant mes espoirs, quelque chose m'intrigua chez lui. Mon instinct narratif me disait qu'il n'était pas là par hasard. Je tentais de percevoir ce qu'il pouvait y avoir d'intéressant dans ce vieux panneau de bois en me le remémorant. Très franchement, il n'avait rien de particulier. Son vernis avait complètement disparu, laissant son bois se ternir sous les intempéries, la peinture de ses lettres s'écaillait et ne laissait plus lire ces dernières que grâce à leurs formes gravées... Je ne pus m'empêcher de le crier à voix haute : “Les gravures!”. Sergeï sursauta.

Quoi les gravures?

-Le panneau, Sergeï, le panneau! Il était gravé!

-Et alors?

-Et alors on peut écrire en gravant! Tu as bien un couteau non?”

 

Sergeï me reconsidéra du regard. Je savais que son regard sur moi changeait. Il ne me voyait plus seulement comme un imbécile capricieux et impulsif, il devait commencer à admettre que je pouvais, parfois, avoir de bonnes idées. Ou alors il se demandait simplement s'il était vraiment sage de me confier un couteau. Quoiqu'il en soit il se contenta de commenter sobrement par un “Pas bête.” avant de me tendre son couteau. Je m'en saisis, puis je le remerciais de sa patience et lui souhaitait une bonne continuation avant de graver maladroitement (je commençais à être réellement frigorifié) dans le bois d'un arbre les mots “Je revins chez moi.”. Et c'est ainsi que me revoici à vous conter l'histoire de mon périple. Commencé plus haut, ce dernier se finit ici (pour le moment et pour longtemps, j'espère). Il ne me reste plus qu'un détail à régler, une toute petit mise en ordre...

 

Alors Sergeï, tout s'est bien passé?

-Oui sergent.”

 

"Métalepse" de Morfëa

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